Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/213

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Cette demeure n’est certes pas digne de donner asile à mon souverain ; mais j’ai appris que Sa Majesté en route pour la capitale faisait halte non loin d’ici ; je vois qu’il se fait tard, je doute que le Roi veuille se remettre en marche à cette heure avancée du soir, et, sans avoir la témérité de lui adresser une invitation, je voudrais néanmoins porter à sa connaissance que tout est prêt sous mon toit pour recevoir lui et sa suite, au cas où il daignerait passer la nuit chez moi. Les appartements que j’oserais lui offrir attendent depuis l’origine, sous le nom de « Chambre du Roi », la visite éventuelle que je me complaisais à prévoir, sachant que le Roi Pausole redoute les longues étapes et que ma demeure est à mi-chemin entre son palais et Tryphême…

— Avez-vous des filles, monsieur ? interrompit Giguelillot.

— Oui, seigneur… Puis-je vous demander comment cette question…

— C’est la marque, c’est la garantie d’une maison hautement respectable et décente, monsieur Lebirbe. Je ne l’entends pas autrement.

Puis, avec une familiarité qu’on tint pour de la bienveillance, il prit le bras gauche du vieillard et l’entraîna en avant.