Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/225

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mangeoire vide, Giguelillot retira toute la paille fraîche et bonne dont on venait d’emplir le râtelier de Kosmon et il la fit passer très simplement de gauche à droite.

Ce Kosmon l’exaspérait ; il paya cher ce soir-là l’honneur d’appartenir à un cavalier huguenot. Le petit page ne se contenta pas de lui enlever sa nourriture ; il prit sous une cheville les grands ciseaux à tondre et coupa tous les poils de la queue, qui dressa un misérable moignon priapique et mal rasé ; il tondit presque toute la crinière en laissant pendre çà et là quelques misérables crins, puis, avec les ustensiles dont on se servait à la ferme pour marquer le dos des bestiaux, il composa et imprima sur la robe terne du vieux cheval le chiffre 1572, où il pensait que le parpaillot verrait à la fois nargue, affront et menace.

Satisfait par les stigmates dont il avait orné le piédestal vivant du seigneur Taxis, Giglio suivit le long couloir qui menait à la chambre à pain.

Comme le lui avait dit Rosine, l’infortunée Diane à la Houppe, dans cette prison farineuse, gémissait presque sur la pâte humide. Il ne la connaissait point, car les pages, pour des raisons qu’il est inutile d’exposer, n’étaient pas admis d’ordinaire à prendre le thé chez les Reines. Mais sitôt qu’il