Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/226

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l’aperçut à la lueur de la bougie posée sur une petite table, il déplora de ne lui avoir pas été présenté avant qu’elle entrât au harem. Diane, ignorant qu’elle fût épiée par deux yeux fixes derrière les vitres, avait adopté une attitude d’intérieur qui déployait nonchalamment ses beautés si particulières. Elle reposait à l’orientale, les mains mêlées derrière la nuque, le dos couché sur des coussins et, sans doute pour prendre, le frais après une journée torride, elle avait disposé ses jambes en losange, les plantes des pieds l’une contre l’autre. C’était son habitude de dormir ainsi. Giglio, bien que toujours comblé par des souvenirs encore récents, éprouva tout à coup que son esprit s’égarait vers des présomptions nouvelles, et il se retira, moins pour les abaisser momentanément que pour en méditer au contraire les chances de réussite immédiate et secrète.

Gracieux et le front aussi calme que si toutes les bombardes de la puissance royale ne l’eussent point visé depuis une heure, il entra sans frapper dans la salle du trône où Pausole encore frémissant achevait un mauvais dîner.

— Comment, te voilà ? fit le Roi. Tu oses revenir ?