Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/238

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dant, rappelez-moi son but. Je ne l’ai pas présent à l’esprit.

— Son but, son ambition unique est de mériter sa haute devise, laquelle s’exprime en trois mots « Exemple — Franchise — Solidarité ».

— Ce sont de beaux mots, dit Pausole. Mais comment les entendez-vous ?

— Votre Majesté n’ignore point qu’à Tryphême le parti de l’opposition affecte de s’en tenir aux anciens principes, spécialement en ce qui touche la vie intime et le costume. Dans cette société, toutes les femmes, même les plus jolies, s’habillent jusqu’au menton pour sortir dans la rue et ne consentent à justifier une admiration masculine que dans le secret d’une chambre close et devant l’amant de leur choix. C’est là le fait d’une âme égoïste, avaricieuse et dépravée.

— D’accord, dit Pausole.

— Les hommes de cette même société luttent avec acharnement contre la propagation de notre influence et pour ce qu’ils appellent la décence des rues ; mais comme l’instinct de la chair ne se tait pas plus en eux qu’en leurs adversaires, ils s’en vont cacher leur vie dans des demeures infâmes où l’amour se flétrit, se métamorphose et devient une forme de l’ordure.