— Ils ont tort, dit Pausole. Mais qu’est-ce que cela vous fait ?
— Sire, nous estimons qu’en agissant de la sorte, ils ne sont pas seulement hypocrites et faux ; mais, si je puis dire, accapareurs. En notre siècle on n’admet plus qu’un amateur puisse acquérir une galerie de tableaux et en garder la jouissance pour lui seul ; tout homme qui possède trois Rembrandt doit faire entrer la rue chez lui ou subir des attaques dont le bien fondé ne fait de doute pour personne. Eh bien, le même raisonnement d’où cette coutume a pris naissance devrait engendrer chez les hommes de sens droit une conscience supérieure et bienfaisante qui les retienne d’enfermer derrière les murs de leurs maisons tout ce que l’oisiveté ancestrale ajoute à la beauté de la femme et tout ce dont l’art, le luxe, l’espace, ornent l’amour entre ses bras.
— C’est assez mon sentiment.
— Cette société, qui se nomme elle-même la bonne et qui parvient à se faire passer pour telle dans beaucoup d’autres milieux, donne là un néfaste exemple dont je voudrais que Votre Majesté pénétrât le libertinage. Mettre une robe sur le corps d’une jeune fille, c’est proprement éveiller, chez les jeunes gens qui l’approchent, des curiosités