malsaines qu’on leur défend par ailleurs de satisfaire : c’est de l’excitation au vice. Je reconnais que ce genre de perversité devient, à Tryphême, de plus en plus rare. Dans presque toutes les familles, les femmes commandent leur première robe au début de leur première grossesse. Mais il est, je le répète, de certaines maisons où l’on habille même les petites filles, ce qui est vraiment le comble de la malice. L’exemple donné porte ses fruits ; souvent il est discuté ; parfois il est suivi ; une hésitation déplorable laisse flotter les mœurs nationales entre deux extrémités ; on ne sait plus ce que la mode exige, et moi-même, l’avouerais-je ici ? je n’ose pas toujours présenter mes enfants dans la tenue rigoureusement pure que j’ai mission de préconiser. Le but de notre société est de mettre un terme à cette incertitude en unifiant les mœurs en même temps que les consciences.
— Et comment en viendrez-vous là ?
— Par deux moyens. D’abord par la propagande. Les ressources de la Ligue sont considérables. Nous avons obtenu pour vingt années la location d’un vaste terrain qui fait partie du Jardin Royal à Tryphême ; nous y avons édifié en plein air une scène théâtrale sous les arbres et nous donnons là des ballets ainsi que des pièces inédites qui