Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/253

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Mais Pausole battait de la main le bras de son fauteuil évasé.

— Lis donc tes vers, mon petit. Il ne faut jamais répondre aux dames. Un homme pose des questions d’élève : il interroge sur ce qu’il ignore. Mais une femme pose des questions de maître et seulement sur les pages qu’elle connaît à fond.

— Alors, monsieur, fit Galatée, qu’est-ce que la pudeur, dites-moi ?

— À propos de quoi cette… question d’élève ? dit en riant la petite Philis.

— M. Djilio semble croire que les femmes disent : « Non » par discrétion d’abord, puis par miséricorde, si ce n’est par entraînement. Je lui demande ce qu’il sait de notre pudeur et j’espère qu’il me répondra.

— « Pudeur », mademoiselle (nous sommes en classe, n’est-ce pas ?), « pudeur » est un mot latin qui signifie « honte ». C’est le sentiment particulier qu’éprouve une dame lorsque, ayant reconnu par un impartial examen la valeur exacte de ses formes, il lui faut révéler à d’autres ce qu’elle aimerait mieux déplorer toute seule. Et rien n’est plus naturel.

Philis et Galatée se consultèrent du regard ; mais tandis que l’aînée restait immobile, la cadette