Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/254

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sortit en silence, piquée d’honneur, et sensible au défi.

Pausole tendait la main du côté de son page.

— Gilles, montre-moi ton livre, dit-il. Qu’est-ce que je vois donc sur la couverture ?

Et comme le page lui remettait le volume :

— Oh ! que c’est vilain ! fit le Roi. Peux-tu publier des vers sous une pareille estampille ? M. Lebirbe me disait à l’instant que ces sortes d’excitations s’adressaient à quelques vieillards dont nous haïssons tous deux l’hypocrisie et la sottise.

— À Tryphême, répondit Giglio, il en est, peut-être ainsi. Mais en France, où les vieillards dirigent les mœurs et font les lois, elles s’adressent au peuple entier. Le retroussé est le costume national des Françaises. On le produit partout, dans les bals publics, au café-concert, au théâtre, à l’Élysée et même dans le monde. Au milieu des caricatures étrangères, le retroussé désigne la France entre le lion anglais et l’aigle d’Allemagne. Si j’ai fait graver sur mon livre une dame entièrement vêtue de noir excepté vers le haut des jambes, c’était pour qu’on vît tout de suite que je parlais des Parisiennes.

— Quelle singulière mode ! fit Diane rêveuse. Pourquoi plaire aux vieillards et non aux jeunes gens ?