Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/289

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— Avant de parler franchement ?

— Vous êtes insupportable ! Je suis sûre que vous allez me condamner et vous ne saurez pas pourquoi j’ai raison.

— Je sais déjà très bien pourquoi vous avez tort…

— Quand je le disais ! Vous ne m’entendez pas !

— Je vous entends d’avance, et je veux vous épargner la peine d’achever une conversation qui vous embarrasse beaucoup… Un monsieur que je connais et qui passe pour un esprit fin ne dit jamais que la moitié des phrases parce qu’un interlocuteur avisé en devine le dessein dès les premiers mots et que pendant la conclusion, l’adversaire, n’ayant pas besoin d’écouter, préparerait trop à loisir ses arguments à brûle-pourpoint.

— Alors, terminez mon rôle vous-même. Il faut que je sache au moins si vous m’avez comprise.

— Si je vous ai… Mais à votre place je ne penserais pas autrement que vous. Et j’aurais tort. Et c’est ce que je voudrais vous dire en deux mots, qui, bien entendu, ne serviront à rien. Je, m’y attends.

— Dites.

— Voici. Vous avez vingt-trois ans, vous êtes belle, vous êtes jeune fille depuis une dizaine d’an-