Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/347

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les toits et sur les arbres, une populace exultante se pressait, mêlait des rires, levait des bras frémissants, lançait des bouquets de cris joyeux.

Ouvriers en chemise de couleur et en pantalon de toile bleue, bourgeois en vêtements de soleil, petites filles nues, trottins en bas rouges, femmes en cotillons rayés se penchaient au bord des trottoirs avec des fleurs et des branches vertes.

On entendait des cris, des voix soudaines :

— Je le vois !… c’est lui !… le voilà !… maman ! maman !… le voilà !… oh ! je l’ai bien vu ! je l’ai vraiment bien vu !

Et d’autres qui pleuraient :

— Papa ! porte-moi !… je suis trop petite !… où est-il ?… prends-moi sous les bras !… plus haut !… plus haut !… encore plus haut !…

Une enfant de trois ans cria en brandissant par la patte une poupée rose :

— Ive le Roi !… le Roi Paupaul !

Et Pausole la prit à bout de bras pour l’embrasser sur les deux joues.

Partout des arcs de triomphe échafaudés en une nuit se dressaient au coin des rues, à l’entrée des places et des carrefours. Toutes les fenêtres étaient pavoisées. Des étoffes de couleur, des feuillages, des rameaux frissonnants, des roses, couvraient