Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/355

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La jeune fille descendit en hâte, et, dès qu’elle, aperçut le Roi, elle enleva prestement sa cotte et son fichu comme on retire un tablier pour s’endimancher à l’office.

— Elle était jolie de la tête aux pieds.

— On t’a couronnée ? dit le Roi.

— Oui, Sire, on a été bien bon.

— Tu le méritais ?

— Comme beaucoup d’autres. J’ai eu de la chance voilà tout.

— Mais qu’avais-tu fait pour être rosière ?

— Sire, mes parents sont pâtissiers. Les quatre marmitons ont demandé ma main et chacun d’eux a dit qu’il se tuerait si je ne la lui donnais pas.

— C’était un cas difficile. Comment l’as-tu résolu ?

— Oh ! je n’ai pas voulu de suicides dans ma petite vie. Je les ai épousés tous les quatre. Il faut être bonne fille, n’est-ce pas, Sire ? Les hommes sont si malheureux quand on les laisse à la porte ! Ils veulent bien peu de chose ! Pourquoi leur refuser ?

— Eh ! si un cinquième se présente, il faudra bien que tu dises non…

— Je n’ai jamais dit non à personne, Sire, ce n’est pas dans mon caractère. Mes maris ont