Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/357

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trouve que quand on a vingt ans, on peut s’occuper mieux que cela. Aussitôt que j’ai posé ma jupe, je me laisse emmener par l’un ou l’autre : au moins, ce n’est pas du temps perdu.

— Allons, dit Pausole, je vieillis. Je vois que je suis réactionnaire et que les mœurs marchent en avant. Je ne te condamnerai pas, ma fille. Au fond, tu appliques mieux mes lois que je n’ai su le faire en personne. Jusqu’ici, j’avais pour jurisprudence de frapper toutes les femmes adultères qui ne fuyaient pas de chez elles. Un dieu s’est montré jadis plus indulgent que je ne fus. Il faut que la liberté ne puisse pas être abdiquée, même par consentement mutuel. Ton exemple me frappe, mon enfant, car tu te passes de mes principes et tu as, comme tu dis, ta petite vertu à toi, qui est peut-être bien la grande. Donne-moi la main, je te félicite.


Pausole continua ses visites, il entra dans les ateliers, dans les boutiques, dans les hangars ; il questionna les vagabonds qui dormaient le long des murs, il serra beaucoup de mains noires et vit beaucoup de visages souriants. Personne ne se plaignait de la vie au point d’attaquer le gouvernement.