Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/388

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— Depuis longtemps ? répéta Line. Vous m’aimez depuis longtemps ? Mais hier matin je ne vous connaissais pas…

— Je vous aime depuis trois ans, dit Giguelillot en soupirant.

— Et vous ne me l’avez jamais dit ?

— Je n’osais pas… Je pensais à vous, mais vous étiez si haut, si loin de moi !… Comment croire que jamais vous consentiriez à m’entendre ?… Je vous aimais d’en bas… Je pensais à vous sans cesse, mais je n’espérais pas que j’arriverais un jour, par un hasard extraordinaire, à vous parler enfin seul à seule, la main dans la main, les yeux dans les yeux…

Line le regardait avec tendresse.

Il poursuivit :

— Vous ne me croyez pas ?

— Oh ! Si !

— Tenez… J’écrivais des vers sur vous…

— Des vers ? Vous faites des vers ? Oh j’aime tant les vers ! Et vous en avez fait sur moi ? C’est vrai ?

— Voulez-vous les lire ?

— Si je veux lire ?… mais oui !

Les voici.

Giguelillot sortit de sa poche son premier volume