Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/53

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tu pris pour t’enfuir, et quel chemin ? Courrais-tu loin d’ici pour gagner de vitesse, ou resterais-tu près, pour tromper les soupçons ? Dis-moi tout cela, Gisèle ; et réfléchis bien : c’est intéressant.

Gisèle se tut, très étonnée.

— Oui, sourit le Roi. Je comprends. Tu ne veux pas vendre tes ruses…

— Oh ! fit-elle, piquée du reproche. Je n’en aurai jamais à prendre ! Si j’hésitais, c’est qu’on ne peut guère répondre à une question pareille. Nous menons les hommes jusqu’à nos bras, mais ensuite, ce sont eux qui nous mènent. J’ai vu cela dans les romans, Sire, car je n’en ai pas d’autre expérience. Pourtant, même ignorante, je trouve que cela va de soi. J’ai quitté mon père et ma mère pour venir où vous me voyez, et je vous suivrais ailleurs, s’il vous plaisait ainsi. Soyez sûr que la Princesse a plus de confiance que de présomption. Vous qui connaissez les hommes mieux que moi, cherchez ce qu’a pu faire son amant : c’est le meilleur moyen de savoir où elle est.

— Plus tard, dit le Roi. Il est inutile que je me donne moi-même une peine qui peut être prise très dignement autour de moi. Lorsqu’il se présente un cas difficile et sujet à méditations, on ne