Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/75

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— Monsieur, dit Pausole, j’estime votre zèle et votre méthode, en ce qu’ils me délivrent chaque jour de vingt soucis dont je n’ai que faire. Mais votre enquête d’hier marchait dans le domaine de l’intempestif, surtout si l’on considère l’heure et le lieu où vous avez cru pouvoir m’en offrir le compte rendu. Je vous avais pourtant signifié qu’entre cinq heures du soir et deux heures de l’après-midi, je ne voulais méditer nulle entreprise. Vous avez outrepassé vos instructions en prenant une initiative dans un cas où votre compétence était plus que douteuse et en me demandant mes ordres sans que j’eusse manifesté le dessein de vous en donner aucun.

Ici, fort posément, il alluma une cigarette, s’assit, plaça le coude droit sur le bras large du fauteuil, inclina la tête du même côté, croisa les jambes, fit un geste et dit :

— Maintenant, lisez votre rapport.

Taxis n’avait pas bronché. Les conseils que porte la nuit ayant eu sur son empressement une influence pacifiante, il avait cessé de crier que l’intérêt de sa carrière cédait le pas à celui de sa tâche. En outre, consultant sa Bible, il s’était arrêté à ce passage catégorique :

« Vous clamerez contre le roi que vous vous