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Avec l’impudeur de la jeunesse, elle écarquilla les cuisses, les dressa des deux mains, ouvrit sa chair… Ma surprise fut d’autant plus vive que la hardiesse de la posture ne me préparait guère à une telle révélation.

« Un pucelage ! m’écriai-je.

— Et un beau !

— Il est pour moi ? »

Je pensais qu’elle me dirait non. J’avouerai même que je l’espérais.

C’était un de ces pucelages impénétrables comme il m’est arrivé d’en prendre deux. Hélas ! J’ai bien souffert.

Néanmoins je me piquai de voir Mauricette répondre à ma question en se passant un doigt sous le nez, avec une bouche moqueuse qui voulait dire « Flûte » ou même pis. Et comme elle ouvrait toujours sous mes yeux ce que je ne devais pas toucher, une taquinerie me fit dire :

« Vous avez de bien mauvaises habitudes, mademoiselle, quand vous êtes toute seule.

— Oh ! à quoi vois-tu ça ? » dit-elle en fermant les jambes.

Ce mot fit plus que tout le reste pour la mettre à l’aise. Puisque je l’avais deviné, rien ne servait plus de le taire : elle s’en vanta. D’un air gamin, frottant à chaque fois sa bouche sur ma bouche, elle me répéta tout bas :

« Oui. Je me branle. Je me branle. Je me branle. Je me branle. Je me branle. Je me branle. Je me branle. Je me branle. »

Plus elle le disait, plus elle était gaie. Et ce premier mot lâché, tous les autres suivirent comme s’ils n’attendaient qu’un signe pour s’envoler :