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— L’as-tu senti que j’ai le trou du cul solide ?

— Du rhinocéros.

— Et nous sommes toutes comme ça dans la famille.

— Quoi ?

— Ha ! ha ! ha !…

— Qu’est-ce que tu dis ?

— Je dis : voilà comment nous donnons le derrière. Et tiens ! voilà comment nous jouissons par-devant. »

Avec la vivacité de son caractère, elle déploya d’un coup ses cuisses dont les muscles saillirent… Je reconnus à peine le paysage.

« Les Jardins sous la Pluie ! m’écriai-je.

— Et avec le doigté ! répéta-t-elle en riant. Tiens, je vais te donner quelque chose. Dis d’abord : on s’aime ?… Oui… As-tu des ciseaux ? »

Elle tira du couvre-pied un fil de soie qu’elle se mit sur le ventre :

« Une mèche de mon pucelage, tu la garderas ?

— Toute ma vie… Mais choisis-la bien, ta mèche. Si tu veux que cela ne se voie pas, prends la plus longue.

— Oh ! tu sais ça aussi ? fit-elle avec désappointement. Est-ce que tu en as une collection ? »

Pourtant elle coupa sa mèche, ou plutôt sa boucle indomptablement arrondie. M. de La Fontaine, de l’Académie française, a écrit un poème : « La chose impossible » pour apprendre à la jeunesse que les poils de certaines femmes ne peuvent être défrisés. Il avait