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derrière la porte. Tu ne sais plus que tu as juré de me laisser partir à quatre heures ?

— Du matin !

— Du soir, malheureusement ! » dit-elle dans mes bras.

Au lieu de fuir, elle était venue se faire embrasser, avec une confiance qui rassurait la mienne, quand elle se dégagea d’un saut. Je ne pus la retenir dans ma chambre ni la rejoindre sur le palier. Elle trouva sa porte entrouverte, s’y glissa et disparut.


II

Une demi-heure après, la mère entrait chez moi. Dès le premier regard mon roman se compliqua tout à coup.

La mère était beaucoup plus belle que la fille… Je me rappelai son nom : Teresa.

À peine couverte d’un peignoir serré qui tournait sur sa taille souple, elle refusa le fauteuil que je lui offrais, vint s’asseoir au bord de mon lit et me dit à brûle-pourpoint :

« Vous avez enculé ma fille, monsieur ? »

Oh ! que ces questions-là me déplaisent et que j’ai peu de goût pour les scènes de ce genre. Je fis un geste noble et lent qui ne voulait rien dire du tout… Elle y répondit.

« Ne protestez pas. C’est elle qui vient de me le raconter. Je vous arracherais les yeux si vous