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l’aviez dépucelée ; mais vous ne lui avez fait que ce qui lui est permis… Pourquoi rougissez-vous ?

— Parce que vous êtes belle.

— Qu’est-ce que vous en savez ?

— Je n’en sais pas assez. »

Moi aussi, j’allais au fait en peu de mots. Le départ prématuré de Mauricette m’avait laissé plus ardent que ne m’avait trouvé sa rencontre. D’ailleurs, avec les femmes, j’aime toujours mieux exposer ma science de la pantomime que mon aptitude à la discussion.

Teresa ne put rien me dire de ce qu’elle avait préparé. Changer le parcours d’une scène périlleuse est la seule façon de la mener à bien. J’avais tourné le volant sans ralentir. Elle en perdit le souffle une seconde, quoiqu’elle fût plus forte que moi ; mais elle serra les cuisses avec un sourire. Avant que j’eusse rien touché, elle réussit à constater de la main les motifs que j’avais de choisir l’itinéraire ; et je lus dans ses yeux que mon brusque virage ne m’avait pas culbuté sous la disqualification.

Cet échange de gestes mit entre nous beaucoup de familiarité.

« Qu’est-ce que tu veux que je te montre ? Qu’est-ce que j’ai donc entre les jambes ?

— Ton cœur ! répondis-je.

— Tu crois qu’il est là-dessous ?

— Oui.

— Cherche. »

Elle riait tout bas. Elle savait que la recherche n’était pas facile. Ma main s’égara dans un fouillis de poils extraordinaire où je fus