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contente. La veux-tu ? Je n’ai qu’à l’appeler à travers la cloison. »

C’était le diable amoureux que cette femme. Je ne sais ce que j’aurais donné pour la prendre au mot et pour lui crier : « Oui ! » en pleine figure. Comme je serrais les muscles de ma volonté, comme j’ouvrais la bouche et prenais haleine… Teresa me dit assez vite avec l’expression d’un intérêt sincère :

« Est-ce que je te fais bander ? »

Cette fois, j’entrai en fureur. Sur un « Tu te fous de moi ! » suivi d’autres paroles, je la battis. Elle riait de toute sa voix sonore en luttant des bras et des jambes. Désarmée par son rire, elle se défendait à l’aveuglette. Je la couvrais de coups et d’attouchements qui ne semblaient lui faire aucun mal ; puis ce rire m’exaspéra, et, ne sachant pas où la prendre pour la battre, j’empoignai une touffe de poils, je tirai… Elle poussa un cri.

Et comme je crus l’avoir blessée, je tombai dans ses bras avec confusion. Je m’attendais à mille reproches ; mais elle ne songeait guère à me dire quoi que ce fût qui eût refroidi mon ardeur pour elle. Même en criant elle ne cessa de rire que pour sourire et s’accuser :

« Voilà ce que c’est que d’avoir tant de poils au cul ! Quand tu coucheras avec Lili, je te défie de lui en faire autant. »

L’incident rompit ma violence et hâta le dénouement. Teresa n’avait pas un instant à perdre pour m’offrir son caprice en guise de pardon. Elle me l’offrit sans me consulter, avec