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une habileté d’organe et de posture qui tenait de la jonglerie.

Couchée avec moi sur le flanc et me prenant les hanches entre ses cuisses relevées, elle passa une main sous elle… y fit je ne sais quoi… puis me dirigea comme il lui plut.

La prestidigitation de certaines courtisanes réussit des tours incompréhensibles… Comme un jeune premier qui s’éveille dans le jardin d’une magicienne, je faillis soupirer : « Où suis-je ? » car mon enchanteresse demeurait immobile et je [ne] savais pas bien où j’étais entré. Je me tus pour garder un doute qui me laissait une espérance. Mais le doute s’évanouit aux premières paroles.

« Ne t’occupe pas de moi, dit-elle. Ne bouge pas. N’essaie pas de me prouver que tu sais t’y prendre. Ricette vient de me le dire ; je m’en fous pour ce soir. Quand tu m’enculeras toi-même, je déchargerai sans me toucher. En ce moment c’est moi qui me fais enculer et tu vas voir ça ! mais je ne veux pas jouir.

— Et si j’aime mieux ta jouissance que la mienne ? Si je te la donne de force ?

— De force ? dit Teresa. Ne me touche pas ou je te vide les couilles en un tour de cul… Tiens !… Tiens !… Tiens ! »

Elle était affolante. La violence et la souplesse de sa croupe dépassaient tout ce que j’avais éprouvé dans les bras des autres femmes. Cela ne dura que l’instant de m’en faire une menace. Et elle reprit son immobilité.

Alors, malgré le trouble où elle jetait mes sens, je ne voulus pas même attendre la sépara-