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moment qu’elle fut pénétrée et durèrent huit ou dix minutes, sans crescendo, sans effet. Elle semblait insouciante de dissimuler son plaisir et surtout de le crier comme une actrice. Elle se branlait si lentement que sa main paraissait immobile, et moi-même, comprenant assez qu’elle aimait ces voluptés calmes, je ne faisais dans ses chaudes entrailles que des mouvements imperceptibles. Vers la fin, prise d’un scrupule qui la peint tout entière, elle tourna vers moi un œil languissant et me dit avec faiblesse :

« Veux-tu que je te parle ? Tu vois si je suis contente quand tu m’encules ! Aimes-tu que je te dise tout ce que je sens pendant que j’ai ta queue dans le trou du cul ?

— Non. Dis-moi seulement quand…

— Quand je déchargerai ?

— Oui.

— Quand tu voudras. Aussi souvent que tu voudras. Je l’ai fait en t’embrassant avant que tu m’encules et je suis prête à recommencer.

— Tout de suite ?

— Mais oui. Tu ne vois donc pas que je me branle « autour » ? Quand tu me diras de jouir, je jouirai. »

Ces choses-là ne se disent pas. Je lui fis comprendre que je l’attendais et son plaisir qui devança le mien d’un instant se prolongea pourtant davantage, car les femmes jouissent plus longtemps que nous.

La minute qui suivit ne nous sépara point. Charlotte restait dans mes bras et me regardait en silence avec cette expression de