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a joui dans la bouche, un vieux qui n’avait pas vidé ses couilles depuis trois mois… Tu peux pas comprendre ça, vois-tu. Faut être putain. La pauvre gosse a dégueulé tout ce qu’elle avait dans l’estomac et, depuis, il n’y a plus moyen de lui apprendre à sucer. Chaque fois qu’elle a du foutre d’homme dans la bouche, elle dégueule ! C’est malheureux, une si belle môme, si chaude, si gaie à poil, qui se branle partout, qui ne pense qu’à la queue et qui se fait enculer mieux que moi, je peux le dire.

— Non.

— Pourquoi dis-tu non ? tu le sais bien.

— Je te réponds simplement et franchement comme tu parles. Je te dis non parce que, depuis une demi-heure, tu as fait tout ce qu’il fallait pour me dégoûter de toi et je suis émerveillé que tu n’y réussisses pas. Tu n’as d’éloges que pour les autres et d’injures que pour toi-même. Tu excuses et tu adores la mère qui t’a prostituée. Après douze ans de travaux et de tristesses, tu te mets au-dessous de la petite sœur qui débute et qui refuse presque tout ce que tu acceptes. Tu gardes même un souvenir attendri et reconnaissant à « la pauvre Lucette » qui a « bien voulu » te…

— Tais-toi ! fit-elle en pleurant.

— Mais toi qui parles, si l’on t’en croit, tu es une bête, une conne, une putain archi-putain, une fille immonde qui n’est peut-être pas digne de recevoir un baiser sur la bouche puisque…

— Non, je n’en suis pas digne ! fit-elle en secouant la tête et en pleurant plus fort.

— Et tout ce que je vois, pour preuve de ce