Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80

— Ce ne sera qu’un petit résumé à l’usage des écoles primaires ! » s’écria-t-elle en riant de plus belle.

Charlotte n’était plus la même. Elle était gaie, elle avait changé de visage et si j’avais été son ami le plus intime, elle ne m’aurait pas conté sa vie avec plus de franchise et d’abandon.

« À propos d’école primaire, j’y suis allée à dix ans. Ricette est la seule de nous trois qui ait été élevée dans un « pensionnat de jeunes demoiselles » avec des petites filles du monde qui font le soir leur prière avant de se bouffer le chat.

« Moi, j’allais à l’école de mon quartier et j’étais une de celles qui se conduisaient le mieux, tu devines pourquoi. À la sortie, il y en avait qui allaient se peloter dans les terrains vagues, ou faire des saloperies avec la fille de la crémière qui voulait bien montrer ses poils à celles qui lui passaient la langue dans le cul ; ou surtout jouer avec les garçons qui se laissaient tirer la pine.

« Mais tu penses que, moi, je n’étais pas curieuse d’aller voir une pine ou une fille poilue. Et puis maman m’attendait. La classe finissait à quatre heures et il y avait des jours où j’étais enculée à quatre heures et quart. Je n’avais que le temps de rentrer.

« L’année suivante, j’ai fait une première communion comme on n’en fait guère. Un ami qui montait sur moi trois fois par semaine s’est amusé à m’apprendre un catéchisme de sa composition qu’il me faisait réciter. Ce n’étaient que des ordures et il y en avait seize pages. Le