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J’avais douze ans et il y avait quatre ans que j’étais putain, quand mes poils se sont mis à pousser. Ah ! ça n’a pas été long ! Au bout de six mois, j’étais poilue comme une femme.

« Tu commences à me connaître un peu. Je n’ai jamais été une de ces jeunes filles passionnées qui vous prennent la main en disant :« Je bande !… » Non, je ne bande pas, mais je mouille pour rien. Quand je mouille, j’ai envie de me branler. Et quand j’ai envie de me branler, je me branle. »

Elle rit en se renversant. Sa bonne humeur la transformait.

« Donc, c’est à douze ans que j’ai pris l’habitude de me branler autant que je pisse, et maintenant ce n’est pas assez dire, car, aujourd’hui, par exemple, je ne pisse pas si souvent que je me fais décharger.

« Maman m’a conseillé de me branler toujours quand on m’enculerait, évidemment, mais elle était contente de voir que je me branlais même devant elle, et, comme je m’y prenais mal, elle a eu la patience de me l’apprendre elle-même, d’abord avec son doigt et puis avec le mien. Faut-il que je sois gourde tout de même ! Quand je pense que je n’aurais même pas su me branler toute seule si maman n’avait pas tenu ma main dans la sienne !

« En ce temps-là, j’allais toujours à l’école et nous habitions un quartier de Marseille, où il n’y avait guère de putains, mais encore moins de pucelles. Je crois que toutes les gamines de l’école baisaient : les unes avec leurs frères, les autres avec leurs pères, leurs cousins, leurs voi-