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sins. J’en connaissais une qui avait dix ans et qui se vantait de tirer plus de six coups tous les soirs, en levrette, contre une palissade, dans un chantier en construction… J’en connaissais une autre qui s’appelait Clara, maigre comme un petit squelette, on lui voyait les os des fesses et elle n’avait pas de poil. Elle a raconté devant moi, en pleurant, à une femme de quarante ans, qu’elle couchait toutes les nuits entre ses deux frères et qu’ils lui faisaient ça ensemble, tant ils étaient pressés, l’un par-devant, l’autre par-derrière et la femme lui a répondu : « Je voudrais bien être à ta place ! » Ah ! j’en ai des souvenirs d’enfance…

« Enfin, j’étais donc un jour à l’école dans un coin du préau, avec cinq copines, et chacune racontait comment elle se branlait. Quand j’ai dit (sans parler de maman) que je me fourrais une bougie dans le cul pendant que je me frottais le bouton, elles ont trouvé ça épatant et elles m’ont invitée dans un petit jardin, chez l’une d’elles qui s’appelait Régine. On se montrerait tout, on se branlerait ensemble, on s’amuserait comme des reines. Justement ce jour-là maman devait sortir. J’ai suivi mes petites copines. Et alors…

« Ah ! qu’est-ce qui m’est arrivé !… Il faut te dire que par-devant j’avais un de ces pucelages comme on n’en fait guère : juste de quoi passer un crayon. Les cinq ont levé leurs jupes d’abord : elles étaient toutes dépucelées ; les trois plus jeunes n’avaient pas de poils et les