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RÊVERIES POLITIQUES.

est au détriment de l’autre, et lorsqu’ils ne peuvent se fier réciproquement ni à leurs promesses ni à leurs serments. Les rois défendent leur trône comme leur propriété personnelle. Toute concession leur paraît un vol, toute amélioration un commencement de révolte.

Les despotes qui gouvernent le sabre à la main et qui n’ont de lois que leur caprice, ceux-là du moins ne dégradent pas l’espèce humaine ; ils l’oppriment sans la démoraliser. La tyrannie retrempe les hommes, mais les gouvernements faibles qui, sous un masque de liberté, marchent à l’arbitraire, qui ne peuvent que corrompre ce qu’ils voudraient abattre, qui sont injustes envers les faibles et humbles envers les forts, ces gouvernements-là conduisent à la dissolution de la société, car ils endorment par leurs promesses, que les autres réveillent par leurs martyres.

Chaque gouvernement se compose de deux éléments distincts, sa nature et son principe. Sa nature est ce qui le fait être tel, et son principe ce qui le fait agir ; l’une est sa structure particulière, l’autre les passions humaines qui le font mouvoir (1).

Un gouvernement ne peut donc être fort que lorsque ses principes sont d’accord avec sa na- taudis

(1) Montesquieu, Esprit des lois.