Aller au contenu

Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 10 —

Séraphine ne disait rien ; elle goûtait la joie d’être ainsi aimée et emportée… et elle n’osait prononcer un mot dans la crainte de rompre le charme qui la plongeait dans un immense ravissement.

Hector défit la robe de son aimée, et poussa un cri d’admiration à la vue du beau corps de la jeune vierge. Il ne fit pas que manifester son admiration, et après avoir dit : « Ô Séraphine, que tu es belle », il embrassa cette chair fine et douce qui tressaillait à son contact, il l’embrassa, disons-nous, à plusieurs reprises. Il ne se lassait pas de poser des baisers partout, et Séraphine lui disait :

— Ô mon aimé. Que fais-tu donc ? tu me rends folle… Tes baisers sont autant de brûlures qui allument en moi un feu inconnu…

— Que parles-tu du feu qui te brûle… Il n’est rien certes auprès de celui qui me dévore et que je n’éteindrai qu’en te possédant ?

En quoi d’ailleurs, le jeune gentilhomme se trompait étrangement. Il dut bien s’en convaincre, car, ayant pris son amante dans ses bras, et lui ayant révélé le mystère de l’amour, il se trouva qu’il était encore rempli d’une ardeur plus grande. Ne voyait-il pas, après le suprême abandon, sa maîtresse langoureusement étendue, plus belle et plus désirable encore ?… Le feu qui le dévorait semblait se renouveler et il lui fallut bien recommencer à l’étreindre, pendant que Séraphine se donnait à lui en criant qu’elle l’aimait, qu’il était tout pour elle, qu’elle lui appartenait pour la vie…

iii

La jalousie du roi


Mais les imprudents, dans leur hâte de s’aimer, avaient négligé de fermer la porte du pavillon. Ils n’avaient pas pris garde que quelqu’un les avait guettés et suivis… et, soudain, un cri retentit derrière eux, un cri qui les arracha à leurs transports.

— Oh ! C’est infâme !… C’est un crime de lèse-majesté !…

Ils se levèrent, effrayés, et tous deux ensemble laissèrent échapper la même exclamation de surprise et d’effroi, résumée en deux mots :

— Le roi !

Benoni XIV, en effet, était devant eux… C’était le jeune souverain qui les avait épiés et venait de les surprendre.

Ils se jetèrent à ses pieds…

— Sire, suppliait Séraphine, pitié pour lui, je l’aime !

— Sire, criait Hector, prenez ma vie, mais épargnez la princesse !…