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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/15

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Parlons maintenant de ma cousine Séraphine.

— Je maudis cette fille qui s’est ainsi déshonorée !

— La maudire est bien, mais ce n’est pas tout. J’ordonne qu’elle prenne le voile et soit conduite dès demain au couvent des Puritaines.

— Eh quoi ! Sire, dans cette abbaye où les nonnes doivent rester en cellule toute leur vie ?

— Je le veux ainsi. Signifiez-lui cet ordre et ayez soin d’ajouter que si elle obéit docilement, son amant aura la vie sauve. Nous verrons après, lorsqu’elle sera en cellule, ce que nous aurons à faire…

Lorsque le souverain fut parti, le duc s’en fut trouver son épouse Sigeberte et lui fit part du malheur nouveau qui fondait sur eux.

Sigeberte, en apprenant une telle nouvelle, entra dans le courroux le plus violent, et elle fit appeler Séraphine à laquelle elle prodigua les plus grands reproches.

La princesse essaya pourtant de répondre à sa mère en lui disant :

— Ah ! Madame ma mère ! Ah ! Madame ma mère ! N’avez-vous jamais connu l’amour pour me parler ainsi ?… Comment résister lorsqu’il commande à notre être ?…

— Certes… Je comprends que vous vous soyez laissée entraîner… Mais ce qui est un crime impardonnable, c’est d’avoir manqué de prudence au point de vous être fait surprendre par le dernier de ceux qu’il eût fallu, par le roi lui-même, dont la fureur aujourd’hui montre bien qu’il vous eût certainement épousée, car on n’éprouve de telle fureur que lorsque vous anime la jalousie…

Vous avez amené la catastrophe sur notre famille en manquant ce mariage royal pour lequel nous vous avions élevée, que dis-je élevée, auquel vous étiez désignée dès avant votre naissance, qui était le seul motif pour lequel vous fûtes engendrée… demandez-le plutôt à votre auguste père…

Votre imprudence et votre manque de discrétion vous coûtent la couronne… mais hélas, ils la coûtent à nous aussi !

Lorsqu’elle apprit qu’elle devait entrer au couvent des Puritaines, Séraphine eut un violent accès de désespoir.

— Oh non ! dit-elle… Non… Je vais aller me jeter aux pieds du roi et implorer sa clémence. Peut-être, sa colère étant passée, réussirai-je à l’attendrir.

— Peut-être, ma fille, dit Sigeberte… Vous êtes trop belle pour que Benoni ne vous pardonne pas.

Un secret espoir renaissait dans le cœur de la duchesse, qui dit à son mari :

— Je vais la parer moi-même de sa plus belle robe, la coiffer de mes mains, lui parfumer le corps des essences les plus enivrantes… Peut-être regagnerons-nous ainsi la partie perdue.