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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/14

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— Oui, Sire.

— Vous l’avez conduit à la Tour du Silence ?

— Oui, Sire.

— Vous l’avez mis au secret.

— Oui, Sire.

— C’est bien. Veillez seulement maintenant à ce qu’il soit bien traité dans sa prison. C’est tout ce que j’exige pour le moment.

— Vos ordres seront exécutés, Sire, dit le capitaine des gardes en se retirant.

De nouveau seul, Benoni XIV s’écria :

— Et maintenant, à l’autre !

Chose étrange, sa voix était beaucoup plus courroucée en pensant à Séraphine que lorsqu’il s’agissait d’Hector, et il paraissait en vouloir bien davantage à sa cousine qu’au fils du grand sénéchal.

Il se rendit immédiatement auprès du duc de Boulimie.

— Mon cousin, lui dit-il, il ne faut plus songer à une union entre la princesse et moi.

Le duc — on le conçoit — se montra fort surpris. Il en faillit tomber à la renverse. C’était l’écroulement d’un projet échafaudé depuis vingt ans. Le trône lui échappait une seconde fois.

— Mais pourquoi, fit-il, pourquoi ?…

Alors, avec une indignation et une colère qui n’étaient nullement feintes, le jeune souverain raconta ce qui s’était passé et comment il avait surpris la princesse Séraphine en conversation coupable avec le fils du grand sénéchal.

— Mort de ma vie ! s’écria le duc… Je vais sur-le-champ passer mon épée au travers du corps de ce jeune Vergenler.

— Non, mon cousin, je vous le défends.

— Sire, vous ne pouvez m’interdire de laver dans le sang l’odieux affront fait à ma maison… et, dans la personne de ma fille, à toute la famille royale.

— Précisément, parce que je suis le gardien de l’honneur de la famille royale, il n’appartient qu’à moi de punir. Et il faut punir sans éclat.

Le comte est enfermé dans la Tour du Silence ; il y restera jusqu’à son dernier jour.

— J’espère que ce dernier jour luira bientôt et qu’à défaut. de mon épée, la hache du_bourreau… abattra ce Vergenler insolent.

— Calmez votre colère, mon cousin. Si nous mettons encore le bourreau dans notre secret, tout le royaume finira par le connaître. Le comte Hector sera supposé officiellement parti en mission à l’étranger, où il succombera d’accident, ce qui paraîtra tout naturel.

Je me charge de lui.