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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/28

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en flots onduleux sur ses épaules qu’elle avait nues, et elle apparut en un déshabillé qui n’avait rien de religieux, et qui rappelait au contraire celui des dames les plus profanes.

Le colonel des hallebardiers n’attendait que ce geste pour prendre sa maîtresse dans ses bras et, comme les douze jours qu’il venait de passer en voyage l’avaient contraint à une abstinence forcée à laquelle il avait hâte de mettre fin, il démontra à l’ancienne dame d’atours avec une fougue dont elle fut ravie qu’il était aussi persuadé qu’elle de la douce obligation qu’avaient les humains d’obéir aux commandements de l’amour, et que si péché c’était là, c’était péché trop délicieux pour qu’on se privât de le commettre.

vi

La fiancée du roi


Dès que le grand sénéchal eut pénétré avec son fils dans le château de Vidorée, il lui déclara :

— Le voyage a dû vous fatiguer. Vous pouvez vous retirer dans votre chambre où vous vous reposerez jusqu’au soleil levant. Lorsque le jour paraîtra, je vous ferai part des instructions royales auxquelles vous devrez vous soumettre sans discussion. Souvenez-vous toujours qu’à cette condition seulement, la princesse Séraphine aura la vie sauve.

Hector s’inclina. Il avait pris son parti d’obéir, et d’attendre les événements. II se retira donc dans sa chambre.

Mais il chercha longtemps le sommeil en vain. Il ne pouvait s’empêcher de penser à Séraphine dont il était séparé, et la nuit se peuplait pour lui de visions amoureuses ; il voyait la princesse qui lui tendait ses jolis bras ; elle lui apparaissait nue et il admirait la beauté de ce corps qu’il n’avait possédé qu’un jour, mais pour lequel il sentait monter en lui les désirs les plus violents.

— Ô Séraphine ! disait-il… Séraphine ! Tu es toute ma vie ! Et je ne veux jamais posséder d’autre maîtresse ni d’autre épouse, car aucune femme à mes yeux ne peut rivaliser avec toi…

Il lui parlait comme si elle eût été près de lui, lui disant qu’il l’adorait.

Puis il se demandait si le colonel des hallebardiers avait bien transmis son message à la princesse, et comment il ferait pour lui faire parvenir la réponse que ne pourrait manquer de lui confier sa dame d’amour…

Il parvint quand même, après de longues heures d’agitation, à s’endormir et son sommeil encore fut rempli de doux