Hector, seul, avec la mère du souverain, attendit que celle-ci lui parlât.
— Votre père, messire, lui dit-elle, vous a averti de ce que nous attendions de votre dévouement au trône. Je n’ai pas le droit de vous apprendre ce que le roi mon fils doit seul vous révéler ! Vous allez être bientôt dépositaire d’un important secret d’État. Sachez que vous le devrez garder si vous tenez non seulement à votre vie, mais aussi à celle d’une personne qui vous est, paraît-il, très chère, mais à laquelle vous devez désormais renoncer.
Soyez d’ailleurs sans crainte, nous ne vous demanderons pas d’observer une continence qui vous serait pénible, et vous aurez une heureuse surprise, car vous serez présenté à une princesse au moins aussi jolie que celle que vous avez perdue et qui, je l’espère, vous la fera oublier…
Le jeune gentilhomme avait bien envie de protester, mais il jugea plus habile de n’en rien faire et s’inclina seulement devant la reine-mére, disant :
— Votre Majesté peut compter sur mon dévouement et ma discrétion
La reine Radegonde lui tendit alors sa main à baiser et lui dit :
— Nous espérons, ma fille, que vous donnerez au roi tout le bonheur qu’il attend de vous.
Hector comprit qu’il devait redevenir alors la princesse Yolande.
Le lendemain était le jour du mariage. La fête devait encore être plus brillante que la veille.
L’archevêque primat de Sigourie devait procéder en personne à l’union des époux princiers dont le cortège allait se dérouler à travers la capitale.
Les jeunes filles de la ville avaient offert à la princesse sa blanche robe de mariée, son voile et sa couronne, et une délégation était venue dès le matin l’apporter au palais. La reine-mère les avait reçues et c’était elle-même qui devait, officiellement, procéder à la toilette de la jeune épousée. Il était évident qu’étant donnée la situation extraordinaire dans laquelle on se trouvait, nulle autre qu’elle-même ne pouvait se charger de cette mission.
La cérémonie se déroula suivant le rite prévu, et une foule immense applaudit lorsque, après le mariage, le jeune souverain posa la couronne sur la tête de la nouvelle reine.
Quand tous deux apparurent sous le portail de l’église, précédés des chambellans qui s’avançaient, la verge à la main, ainsi que le commande le cérémonial des cours, une ovation énorme retentit et tout le peuple s’écria :