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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/32

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Yolande devait répondre à des compliments de bienvenue. Elle le faisait de la manière la plus gracieuse du monde, et l’on trouva qu’elle était la plus charmante et la plus gentille reine qu’on ait vue en Sigourie.

On arriva enfin aux portes de Brindejonville.

Le roi était venu, en grand cortège de gala, au-devant de sa fiancée. Il était en voiture, lui aussi, car Benoni XIV aimait fort peu monter à cheval, et il avait pris l’habitude même de passer les revues dans un carrosse.

La voiture de la princesse s’était arrêtée devant l’arc de triomphe élevé en avant des premières maisons. Le roi s’avança à la portière, et, s’inclinant très bas devant elle, il lui dit :

— Noble demoiselle, soyez la bienvenue dans ce royaume dont le peuple a déjà appris à prononcer votre nom en le bénissant… Vous êtes la dame de mon cœur, et je vois que les rapports qui m’ont été faits sur votre beauté étaient encore inférieurs à la réalité…

Hector était stupéfait en entendant ce discours auquel pourtant son père l’avait préparé, puisque même il lui avait appris en quels termes la princesse Yolande devait répondre.

Et la princesse Yolande répondit :

— Je suis charmée, messire, de votre accueil. Croyez que je m’efforcerai d’être votre épouse docile et soumise, et que je me sens toute heureuse de vivre a l’avenir sous votre loi.

Le roi alors invita la princesse à quitter son carrosse pour venir prendre place dans le sien, et il lui offrit la main sur laquelle Hector s’appuya, pour descendre de la première et remonter dans la seconde voiture.

Ils étaient maintenant assis tous les deux l’un à côté de l’autre.

— Tous mes compliments, dit le roi. Je vois que vous avez compris à merveille ce que j’attendais de vous.

Hector répondit :

— Sire, je suis un sujet respectueux et obéissant.

Et ce fut tout. Ils n’échangèrent pas un mot jusqu’au palais. Le roi regardait la princesse en souriant. Était-ce moquerie ?… Il ne semblait pas au fils du grand sénéchal ; il était surpris de la façon dont son compagnon le considérait et il lui parut même qu’il ne l’eût pas fixé autrement s’il s’était agi réellement d’un roi et d’une véritable princesse dont il serait amoureux.

Des appartements avaient été réservés au palais pour la future reine. La mère du roi, la reine Radegonde, reçut la pseudo-princesse en grand cérémonial et lui présenta les nobles dames qui seraient attachées à sa personne et constitueraient sa cour, après quoi elle l’entraîna à l’écart.