Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/104

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viticulture en Algérie et en Tunisie alourdissent encore la détresse de nos journaliers.

Ainsi le colonialisme, par une invincible fatalité, engendre une surproduction nouvelle, — surproduction industrielle, surproduction agricole, — et cette crise déchaînée dans l’univers élargit son aire, au fur et à mesure que de nouvelles terres sont gagnées par le capitalisme. Il en résulte une recrudescence de misère, une extension du chômage, une restriction des salaires. Le phénomène est brutal, général, indubitable. Il s’exerce avec la vigoureuse précision d’une loi. Point n’est besoin de l’exposer, de l’expliquer longuement, tant il apparaît simple et évident.

Mais au moment même où il rétrécit le marché du travail, et où il diminue les chances ordinaires du prolétariat, le colonialisme ajoute encore aux exigences usuelles de la fiscalité d’État. Pour suffire aux dépenses de conquête, d’administration, d’aménagement, la classe dirigeante réclame des millions ou des dizaines de millions, qui pèsent en très grande partie sur la classe dirigée. C’est celle-ci, en toute éventualité, qui supporte la charge des frais généraux de la nation. On réduit ses moyens d’existence et on aggrave ses taxes. Elle reçoit moins et paie davantage. Toute la moralité des aventures impérialistes est là. Elles ne servent pas, comme d’aucuns l’ont affirmé, la collectivité ; elles ne servent même pas la majorité, mais une infime minorité, qui les exploite, pour aggraver son prélèvement sur le produit du