Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/106

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pire africain. L’on s’est repenti bien vite d’avoir si effectivement colonisé. Le colonialisme a accentué l’antagonisme entre la grande et la petite propriété, la grande et la petite industrie.

Les opulents capitalistes ont su tirer parti des expéditions de conquête, mais les manufacturiers peu aisés commencent à comprendre, un peu partout, qu’ils ont fait une fâcheuse opération en s’associant au système, pendant que les petits détenteurs de biens-fonds voient s’accumuler des menaces qu’ils ne peuvent conjurer. Par un outillage perfectionné, on réussit encore à lutter avec une production qui s’arme d’une main-d’œuvre asservie. Avec des réserves compactes, on aboutit encore à traverser les phases de surproduction, qui s’accumulent de plus en plus, qui se succèdent presque sans transition. Mais la portion de la bourgeoisie qui en est réduite aux installations sommaires croule au premier choc, laissant le champ plus libre à l’oligarchie financière. Le colonialisme proprement dit joue donc le même rôle que la mise en valeur des terres autonomes. Toute activité exotique qui s’institue porte un coup aux classes dirigeantes des vieilles nations.

Mais ces classes se dissocient, éclatent sous la pression de la concurrence aggravée, en suivant le processus indiqué par le Manifeste des Communistes[1]. Les débris éliminés de la bourgeoisie, les entrepreneurs ruinés, les agricul-

  1. Voir les numéros 8 et 9-10 de la Bibliothèque socialiste.