Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trop aux détails ; ils s’intéressent aux petites expéditions, à certaines annexions, mais négligent les larges conquêtes qui s’opèrent dans l’ombre, et dont la portée pratique est autrement considérable. Pendant des mois et des mois, le monde a été tenu en suspens par la guerre des Boers, par la résistance valeureuse, mais inutile, qu’opposèrent les Kronje, les Dewet, les Delarey ; et pourtant la main-mise du cabinet de Londres sur la région du Niger passait presque inaperçue : c’est qu’ici les épisodes romanesques ou héroïques faisaient défaut. Cécil Rhodes n’a vraiment paru intéressant qu’à la veille de sa mort, lorsque déjà était achevée une entreprise qui égale presque celle d’un Clive.

L’Angleterre est le type de la puissance coloniale contemporaine ; nulle autre n’a érigé à ce point le colonialisme en système ; nulle autre, après avoir recueilli certains profits, n’a éprouvé aussi tôt les inconvénients du système. Mais les émules furent nombreuses et leur histoire mérite aussi d’être contée en raccourci.


La France, en 1880, gardait de son ancienne domination : les établissements de l’Inde, la Réunion, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Pierre et Miquelon, la Guyane, soit 850,000 âmes ; de la période de la monarchie de Juillet et de l’Empire, elle tenait l’Algérie, Mayotte, les établissements de la Guinée et de la côte d’Ivoire, plus ou moins inoccupés, il est vrai, — le protectorat de la côte des Somalis,