Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/23

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de leur point de départ, n’offraient qu’une rudimentaire analogie avec le phénomène que nous étudions ici. Les excédents de population, les querelles politiques, le fanatisme religieux, les famines successives sont à l’origine de toutes ces poussées soudaines ou continues.

La colonisation espagnole, portugaise, hollandaise des xvie et xviie siècles, ne saurait être assimilée non plus, totalement, en dépit des traits de rapprochement indéniables, à celle de la France, de l’Angleterre ou de l’Allemagne de 1900. C’est avec le temps que les tentatives des particuliers devinrent des entreprises d’État, et que l’aristocratie dominante, les pouvoirs publics, dans la péninsule ibérique et aux Pays-Bas, s’intéressèrent aux affaires des mondes nouveaux. Ce n’était pas non plus la seule ambition d’accaparer des plantations, qui entraînait les hommes à affronter les périls des terres inconnues. Nul n’ignore quel rôle jouèrent les sectes réformées dissidentes dans la fondation des colonies de l’Amérique du Nord. Mais déjà la religion n’était plus que le manteau de la rapacité, et le clergé espagnol, en évangélisant le Pérou, le Chili ou la Bolivie, aspirait avant tout à partager, avec les conquistadores, le revenu des mines d’or ou d’argent.

La colonisation hollandaise a pris, au suprême degré, le caractère mercantile. Ce qui la différencie le mieux, de l’expansion européenne de la fin du XVIIe siècle, c’est qu’elle n’ap-