Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/29

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tional, souvent engagés par des individualités dépourvues de mandat, on invoque encore la surpopulation. Remarquez que les gouvernements ont allégué, presque toujours, l’accident, le cas fortuit, pour expliquer leurs dépenses de soldats et d’argent. Chez nous, personne n’aurait songé à prendre la Tunisie, si les Kroumirs n’avaient créé des démêlés de frontière ; et les Anglais ne se seraient pas installés en Égypte, si la sûreté des Européens n’avait été menacée à Alexandrie. Mais enfin les théories générales produisent une impression beaucoup plus profonde que la simple énonciation d’un fait brutal. Le nombre des habitants de l’Europe tend à s’élever, et chaque année des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers d’hommes, quittent la Belgique, l’Allemagne, l’Italie. N’est-il pas équitable de leur donner une patrie nouvelle, de seconder leur effort, de leur conférer la protection du pavillon ? On n’observe pas que certains pays, tel la France, n’ont pas d’émigration ; — que d’autres, tels l’Italie et l’Allemagne, qui en ont, déversent leur trop plein sur l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil, — au lieu de féconder l’Érythrée, le Benadir, ou le Cameroun. Mais c’est là un raisonnement qu’on fait miroiter devant les prolétaires, comme on représente aux possédants, avec Turgot, Talleyrand et Thiers, la nécessité d’expulser, en terres éloignées, les pauvres, les chômeurs, les réfractaires, contempteurs nés de la propriété privée. Ô colonialisme ! Que de thèses