Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

absurdes l’on échafauda en ton honneur ! — Passons maintenant aux réalités.

Pour beaucoup d’économistes, la fondation des colonies est la meilleure affaire dans laquelle on puisse engager un riche pays. Rouher et J. Ferry exprimaient la même pensée lorsqu’ils saluaient, l’un dans le Mexique, l’autre dans le Tonkin, des placements de pères de famille. La colonisation contemporaine n’est qu’une opération de capitaux.

Il arrive parfois qu’une puissance européenne ou qu’une association de capitalistes, en ouvrant une dépendance exotique à l’exploitation, se préoccupe moins de créer une clientèle pour la cotonnade ou la métallurgie, que de monopoliser, par l’assujettissement du travail noir ou jaune, une matière précieuse. Il est évident que l’État indépendant du Congo vise moins à introduire des tissus, des machines ou des couteaux, qu’à exporter la plus grande somme de caoutchouc ou d’ivoire. Certaines dépendances françaises, anglaises, allemandes, de la côte de Guinée apparaissent aussi surtout comme de vastes plantations, mais ce type de colonisations tend à s’effacer de plus en plus devant l’autre.

L’Inde, pour les Anglais, n’est en théorie qu’un marché, où les articles du Lancashire et d’ailleurs doivent s’écouler sans limites. Nos voisins émettent des idées analogues sur le rôle de la Birmanie et du Cap, de l’Australie et du Canada ; et c’est même parce que cette doctrine est fortement enracinée chez eux, qu’ils