Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/31

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ont d’abord donné à M. Chamberlain de si bruyants et si faciles succès. Lorsque la France a annexé la Tunisie, elle n’avait nullement l’intention de susciter une concurrence à sa viticulture ; mais elle comptait répandre chaque année, sur son nouveau domaine, quelques dizaines ou quelques centaines de millions de ses produits manufacturés.

Le trait caractéristique : c’est que la grande expansion coloniale du dernier quart de siècle a suivi, pas à pas, la poussée de la grande industrie.

Du jour où un État a renforcé son outillage, substitué la machine au bras humain, et l’usine au petit atelier ; du jour où la concentration capitaliste y a déchaîné ses conséquences logiques et universelles, il entre nécessairement dans la carrière des conquêtes. La constatation est trop simple pour qu’on doive s’y arrêter longtemps.

Jamais l’Allemagne n’avait songé à s’installer sur un autre continent, avant l’heure où elle bouleversa de fond en comble sa structure économique, et où elle déracina sa population agricole, pour l’appeler dans ses centres soudain congestionnés. Ses compagnies de commerce ne se sont formées, préparant les voies aux entreprises d’État, que lorsqu’elle était déjà capable de rivaliser économiquement avec la France et l’Angleterre.

Les Américains se sont enfermés, plus d’un siècle durant, dans l’enceinte de leurs frontières. Le territoire de l’Union était assez vaste,