Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/33

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et les manufacturiers y devront trouver leur compte.

La caractéristique de l’industrie, en période capitaliste, est la surproduction inévitable. Comme la concurrence est la loi du monde moderne, comme la fabrication des tissus, ou des chapeaux, ou des brosses échappe à toute règle concertée, et que chaque patron se tient, à cet égard, pour une individualité isolée, chacun cherche à faire rendre à ses salariés et à ses machines le plus possible. Il semble qu’entre le principe même de la concurrence et cet extrême individualisme des entrepreneurs, il surgisse une criante contradiction, car c’est précisément parce que la concurrence s’exaspère que les producteurs devraient se contrôler les uns les autres, mais la réalité est souvent séparée de la logique par un abîme.

Il y a lieu de tenir compte des frais généraux des entreprises ; plus la fabrication est active, et plus le coût des objets diminue, puisque ces frais généraux se répartissent entre un plus grand nombre d’objets ; moins une machine travaille au cours d’une année, et plus elle devient onéreuse à son détenteur. Il y a donc intérêt à la laisser le moins possible au repos. Et de la sorte, au fur et à mesure que se déploie l’outillage mécanique, le fabricant vise à accroître la quantité de ses produits. Comme tous les fabricants raisonnent de même, qu’ils sont moins frappés des inconvénients cruels, mais intermittents, de la surproduction, que des inconvénients chroniques