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Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/34

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d’une sous-production, ils s’imaginent toujours que, pour une raison ou pour une autre, ils se soustrairont personnellement à la crise ; ils se gardent de limiter leur rendement ; et c’est ainsi qu’en permanence, — ou à peu près, — les grands et les petits États, où la manufacture s’est implantée, possèdent une surabondance de marchandises.

De là, la nécessité d’exporter, de trouver à l’extérieur une clientèle qui consente à laisser se déverser sur elle ce stock accumulé. L’exportation était aisée, dans le passé, lorsqu’on ne comptait, sur le globe, que quelques pays industriels, et que la France, l’Angleterre et, à un moindre degré, la Belgique et la Suisse, rivalisaient seules entre elles. Mais d’autres nations sont entrées dans la carrière ; l’Allemagne et l’Amérique, l’Autriche et la Russie, le Japon et l’Italie, voire même l’Espagne, ont fermé, d’une part, leurs propres marchés aux produits venus d’ailleurs, et d’autre part, ont saisi ou tâché de saisir des débouchés au dehors. Alors la lutte est devenue terrible et implacable : alors chaque État, chaque branche d’industrie s’est sentie menacée d’engorgement incessant et croissant, et il a paru indispensable d’étendre l’aire de la « civilisation », pour stimuler la demande générale. Voilà la vraie raison de la colonisation moderne.

La conquête exotique, le colonialisme, résulte donc de la diffusion du système capitaliste. Aussi longtemps que celui-ci ne s’était pas déployé sur toute l’Europe, et n’avait pas englobé, de