Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/51

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extrêmement ténu ; que celles-ci, pour la plupart, n’attendent rien de celle-là, et qu’en somme, le prolétariat ne contribue que vaguement aux frais d’exploitation de l’Empire.

Ce serait là un aperçu très faux de la situation. Les vraies dépenses coloniales anglaises sont celles qui n’apparaissent en aucun chapitre particulier, et qui se dissimulent, tout au rebours, sous les grandes rubriques générales de tout budget moderne.

Plus loin, nous envisagerons le développement du militarisme terrestre et du marinisme ou militarisme naval, dans leurs rapports avec le colonialisme. De toute évidence, si les puissances ont fortifié leurs armements, et surtout construit des flottes bien plus nombreuses et onéreuses que celle du passé, c’était en grande partie pour défendre les annexes acquises sur les océans, ou pour saisir les annexes d’autrui. Or, l’Angleterre, plus que tout autre État, a grossi ses budgets, dans les dernières années ; plus que tout autre, elle a poussé son programme naval. Comment ne pas imputer aux colonies une large portion du capital dépensé ? Il est certes très malaisé de chiffrer cette portion, même approximativement, mais il n’en est pas moins équitable de présenter une considération dont la légitimité éclate à tous les yeux.

Pourquoi ne pas tenir compte aussi des frais d’expéditions ? Lorsqu’on affirme que l’Angleterre entretient son énorme empire presque sans bourse délier, on oublie seulement que