CHAPITRE V.
Rencontre de brisants. — Changement forcé dans la direction de la route. — Situation critique. — Rencontre de nouvelles îles. — Tentative inutile pour trouver un mouillage. — Parages dangereux. — Nouvelle tentative pour trouver une relâche. — Les insulaires attaquent nos bateaux. — Suite de nos découvertes. — Description d’insulaires. — Relâche à la nouvelle Bretagne. — Description du port et des environs. — Rencontre singulière. — Traces d’un campement anglais. — Productions du pays. — Disette cruelle que nous éprouvons. — Description de deux insectes. — Temps affreux. — Tremblement de terre. — Sortie du port Praslin.
epuis le 29 mai que nous cessâmes de voir la terre, je
fis route à l’ouest avec un vent d’est et de sud-ouest
très frais. L’Étoile retardait considérablement notre
marche. Nous sondâmes toutes les vingt-quatre heures
sans trouver le fond, avec une ligne de deux cent quarante brasses. Le
jour nous forcions de voiles, nous courions la nuit sous les huniers
risés, virant de bord lorsque le temps était trop obscur. La nuit du
4 au 5 juin, nous faisions route à l’ouest sous nos huniers, à la faveur
de la lune qui nous éclairait, lorsqu’à onze heures du soir on aperçut,
à une demi-lieue de nous dans le sud, des brisants et une côte de
sable très basse. Nous prîmes aussitôt les amures à l’autre bord,
signalant en même temps le danger à l’Étoile. Nous courûmes ainsi
jusqu’à cinq heures du matin, et alors nous reprîmes notre route
dans l’ouest-sud-ouest, pour aller reconnaître cette terre. Nous
la revîmes à huit heures à une lieue et demie de distance. C’est
un petit îlot de sable qui s’élève à peine au-dessus de l’eau, et
que ce peu de hauteur rend un écueil fort dangereux pour les
vaisseaux qui font route de nuit ou par un temps de brume.
Il est si ras, qu’à deux lieues de distance, avec un horizon fort
net, on ne le voit que du haut des mâts. Il est couvert d’oiseaux.
Je l’ai nommé la bâture de Diane. Son gisement est par quinze
degrés quarante-et-une minutes de latitude australe, cent qua-