Page:Louis Antoine de Bougainville - Voyage de Bougainville autour du monde (années 1766, 1767, 1768 et 1769), raconté par lui-même, 1889.djvu/66

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fauve, un toupet de plumes de couleur d’or, plus courtes que celles des aigrettes, et qu’ils relèvent lorsqu’ils sont irrités, et enfin d’autres petites plumes de même couleur qui leur servent de sourcils ; on les nomma pingouins sauteurs : en effet, ils ne se transportent que par sauts et par bonds. Cette espèce a dans toute sa contenance plus de vivacité que les deux autres.

Trois espèces d’alcyons, qui se montrent rarement, ne nous annonçaient pas les tempêtes comme ceux qu’on voit à la mer. Ce sont cependant les mêmes animaux, au dire des marins ; la plus petite espèce en a tous les caractères. Si c’est un véritable alcyon, on peut être assuré qu’il fait son nid à terre, d’où on nous en a rapporté des petits n’ayant que le duvet, et parfaitement ressemblants au père et à la mère. La seconde espèce ne diffère que par la grosseur ; elle est un peu moindre qu’un pigeon. Ces deux espèces sont noires avec quelques plumes blanches sous le ventre. Quant à la troisième, qu’on nomma d’abord pigeon blanc, ayant tout le plumage de cette couleur et le bec rouge, on peut conjecturer que c’est un véritable alcyon blanc, à cause de sa conformité avec les deux autres.

Trois espèces d’aigles, dont les plus forts ont le plumage d’un blanc sale, et dont les autres sont noirs à pattes jaunes et blanches, font la guerre aux bécassines et aux petits oiseaux ; ils n’ont ni la taille ni les serres assez fortes pour en attaquer d’autres. Une quantité d’éperviers et d’émouchets et quelques chouettes sont encore les persécuteurs du petit gibier. Les variétés de leurs plumages sont riches et présentent toutes sortes de couleurs.

Les bécassines sont les mêmes que celles d’Europe. Elles ne font point le crochet en prenant leur vol et sont faciles à tirer. Dans les temps de leurs amours, elles s’élèvent à perte de vue ; et après avoir chanté et reconnu leur nid, qu’elles font sans précaution au milieu des champs et dans des endroits presque dégarnis d’herbes, elles s’y précipitent du plus haut des airs ; alors elles sont maigres ; la saison pour les manger excellentes est l’automne.

En été, on voyait beaucoup de corlieux, qui ne diffèrent en rien des nôtres.