Page:Louis Benoist et Auguste Béguin - Notice historique et statistique sur Douy-La-Ramée et La Marre.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 35 —

renoncer à l’existence calme et douce qu’il avait menée jusque-là. Les agitations, que cette période de laborieux enfantement réservait au simple particulier, se décuplèrent pour lui par les devoirs de sa nouvelle charge. A ce double titre, il lui fallait concourir à de nombreuses réunions électorales (car alors étaient électives toutes les fonctions, administratives, judiciaires, ecclésiastiques même), lire publiquement à la population les innombrables documents de l’autorité supérieure, lettres-patentes, décrets, arrêtés, instructions dont le flot inondait les moindres communes, faire commenter les plus importants de ces documents par le curé, le dimanche au prône ; en suivre et faire appliquer les prescriptions, recueillir la contribution patriotique qui produisit à Douy 8,213 livres 2 s. y compris 6,297 livres 10 s. que le couvent de Fontaines avait fournis en valeur d’argenterie ; célébrer dignement les fêtes publiques, principalement celle qui est redevenue fête Nationale (14 juillet) et qui, en 1790, fut suivie d’un Te Deum ; constituer un comité de surveillance de douze membres chargés de le surveiller lui-même ; assister, sinon concourir à l’enlèvement opéré dans l’église de Douy-la-Ramée et dans le couvent de Fontaines de tous les objets précieux, et de tout ce qui était fer, cuivre ou bronze[1] ; procéder aux opérations nécessaires pour l’établissement sur chacune des parcelles du terroir de la contribution nouvelle, appelée impôt foncier, en préparer l’assiette, en assurer le recouvrement ; exercer sur les ci-devant nobles, religieuses ou religieux, une surveillance étroite ; présider même à l’élection de la prieure, celle qui fut la dernière, du couvent de Fontaines ; protéger la sortie des religieuses obligées de quitter leur couvent, leur assurer au besoin un asile. Il lui fallait encore pourvoir au recrutement des défenseurs de la patrie[2] ; organiser la garde nationale qui comprit 38 hommes et élut pour commandant Jean Roussel ; veiller jusqu’à ce qu’ils fussent vendus, à l’administration des biens ci-devant ecclésiastiques devenus biens nationaux ; pourvoir à la fabrication du salpêtre, pour laquelle le comte de Boissy avait offert sa maison de La Marre, et à la coupe des bois nécessaires à la fabrication de la

  1. Le 12 brumaire an II, furent envoyées à Meaux 2 cloches pesant 3, 500 livres, 139 livres de cuivre, 229 livres de fer.
  2. En 1793, Douy, qui avait déjà fourni 6 de ses enfants : Toussaint-François Delaître, Etienne Lafosse, Jean-Baptiste Plateau, Clabaud et Jacques Goulas, dut en fournir 7 autres : Susset, Charpentier, Jouy, Trappe, Lacour, Ozanne et Poncelet qui se fit remplacer moyennant 900 livres. Ces humbles soldats ont contribué pour leur part à préserver le sol national de l’invasion.