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« déclarer en peu de mots quelle avait été son opinion politique dans les mois de mai, juillet et octobre 1789, au 10 août, à la mort du tyran, au 31 mai et dans les crises de la guerre ». Il fut fait en son nom la déclaration suivante : « Ami par goût et par principe de la liberté et de l’égalité que la nature a mise entre les hommes, Hilaire Rouillé Boissy a toujours partagé l’intérêt qu’ont témoigné les bons citoyens et les vrais patriotes aux évènements successifs qui, depuis le mois de mai 1789, ont amené, fondé et consolidé l’établissement de la liberté et du gouvernement républicain. Il a toujours fait des vœux pour la succès des armes de la République, encouragé ses défenseurs par tous les moyens possibles, soulagé par ses dons leurs familles ; enfin à l’égard de ses principes comme au sujet de tout ce qu’il a fait pour les prouver, il s’en réfère entièrement aux témoignages de ses concitoyens des communes de Forfry et de Douy-la-Ramée. » Ce langage était habile et courageux, eu égard aux circonstances dans lesquelles il se produisait. Ces circonstances étaient atrocement terribles ; la guillotine était en permanence et les plus nobles têtes tombaient sous le couteau. Pendant que le comte de Boissy était détenu, Robespierre envoyait à l’échafaud Hébert et ses partisans (24 mars), et quelques jours après, Danton, Camille Desmoulins et leurs amis (5 avril) ; il faisait rendre un nouveau décret contre les nobles et les suspects, supprimant toutes formes légales et enlevant toutes garanties aux accusés. Le comte de Boissy devait se croire perdu : « le régime de la Terreur n’avait jamais été plus sanguinaire ; en 47 jours, dit M. Duruy, du 10 juin au 27 juillet, 1.400 personnes périrent. » Ces crimes exaspérèrent la conscience publique ; Robespierre à son tour accusé d’aspirer à la dictature, fut après des débats orageux, arrêté avec Couthon, Saint-Just, et autres, mis hors la loi et exécuté le 28 juillet. Le prisonnier put respirer. Un ordre du comité de sûreté générale du 18 vendémiaire an III (9 septembre 1794) le mit enfin en liberté ainsi que son père détenu avec lui en la maison de santé de Picpus où il avait été transféré[1].

Quelque pénibles qu’aient été les épreuves du comte de Boissy,

  1. Cet ordre est signé : Rewbel, Bentabole, Clauzel, Laporte, Goupilleau de Fontenac, Bourdon de l’Oise.
    On rapporte que le comte de Boissy ne voulant pas émigrer, mais désirant échapper à l’attention des pouvoirs publics, s’était durant quelque temps dissimulé sous les apparences d’un domestique de marchand mercier, porte-balle, tandis que son valet jouait le rôle de maître.