Page:Louis Bethléem - La littérature ennemie de la famille, Librairie Bloud & Gay, 1923.djvu/57

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de ces mille incidents qui traversent même les existences unies ? Il faut que ces événements soient colportés par la voix de la presse dans les foyers les plus paisibles, les plus honnêtes, les plus éloignés par leur genre de vie de cette qualité d’informations. Des reporters frénétiques se ruent vers le lieu du forfait ou de l’incident ; ils fouillent la vie privée, les mœurs, les secrets des victimes, ils établissent leur hérédité, montrent leurs tares, étalent leurs souffrances intimes, commentent, amplifient, dramatisent. Puis, ils campent la silhouette du coupable dans une attitude de défi, ils en font un personnage de tragédie moderne, un héros du mal, auquel son méfait même sert d’auréole.

Et quand cette besogne est achevée, le journal s’envole à travers les villes et les villages. Là, il ne tombe pas seulement aux mains des bandits et des polissons, il franchit le seuil de nos maisons, il envahit les salons du riche et le modeste appartement de l’ouvrier ; il est lu par le père, par la mère, par les jeunes gens, par les jeunes filles et par les enfants. C’est l’exemple criminel à domicile, c’est le scandale quotidien à la portée de tous. La littérature ennemie de la famille, la voilà.