Page:Louis Bethléem - La littérature ennemie de la famille, Librairie Bloud & Gay, 1923.djvu/80

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vique (16 décembre 1922), après avoir signalé les écrivains dont les intentions sont hautes et probes, et l’art honnête jusque dans sa brutalité, il poursuit :

« Il existe, à côté, on le sait trop, toute une littérature nettement, volontaire, je dirai même commercialement licencieuse ; des écrivains qui « font » l’obscène parce que cela se vend, des maisons d’éditions spéciales, qui réalisent des fortunes en jetant l’immondice à pleines corbeilles sur l’éventaire des libraires. Et ce qui n’est pas sans me laisser rêveur, c’est de trouver à la même vitrine « spéciale » de certaines librairies, les œuvres dites « hardies » d’écrivains de marque voisinant avec les publications aussi vides d’idées et d’art que malpropres de notoires pornographes. Pour dire tout franc ma pensée, je crains fort que le succès fréquent d’œuvres du genre « osé » ne soit dû, bien souvent, à des mobiles qui ne sont pas tous d’ordre purement esthétique.

« Dès lors, si c’est un fait qu’il existe — et comment le nier ? — à côté d’écrivains probes jusque dans l’étalage du vice, une littérature immonde qui spécule sur le goût naturel d’innombrables lecteurs pour les morceaux faisandés — tout comme certaines feuilles financières exploitent la sottise et la cupidité du gros public, — et si cette littérature constitue un danger évident pour quantité de lecteurs mal préparés à n’en