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Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/122

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Wat Puou : entablement sculpté.

V


ESSAI HISTORIQUE SUR LE CAMBODGE.


Si, au point de vue géographique, l’Indo-Chine a été l’une des régions les plus tardivement connues de l’Asie, si la première carte qui donne une représentation à peu près exacte de sa configuration intérieure est celle qui parait avec le présent ouvrage, au point de vue historique, il n’existe encore nulle part un ensemble de données concordantes et complètes qui permettent de reconstituer son passé. Ce passé est-il donc dénué de tout intérêt et faut-il admettre sans restriction le jugement qu’en portait, il y a dix ans, M. Barthélémy Saint-Hilaire, qui affirmait « qu’à l’exception peut-être du Birman, les autres pays de l’Inde transgangétique, Tonquin, Cochinchine, Cambodge, Laos, Pegu, Arakan, méritent à peine les regards de l’histoire[1] » ? » Assurément non.

Les deux premières civilisations du monde, dans l’ordre chronologique, la civilisation chinoise et la civilisation hindoue, se sont rencontrées de bonne heure dans la péninsule qui a retenu leurs noms. Jadis au Cambodge florissait un empire dont la puissance s’affirme encore de nos jours par d’admirables vestiges. Le Tong-king a formé un royaume dont les annales chinoises mentionnent l’existence dès le vingt-troisième siècle avant notre ère, dont la littérature nationale contient les données historiques sérieuses que l’on essaierait en vain de trouver dans les volumineux poëmes de l’Inde. Mieux qu’en aucun autre point du globe, le philosophe peut étudier sur tout ce vaste territoire le problème si

  1. Journal des Savants, août 1861, p. 458.